Retour sur le café-débat

Une cinquantaine de personnes ont participé au café-débat sur l’eau sur le territoire de la Bourbre, organisée par l’APIE au café associatif La Caravane des Possibles
https://lacaravanedespossibles.fr/ à Villefontaine, le 8 juin.

Autour d’un verre, les enjeux pour l’eau sur le bassin de la Bourbre ont été discutés avec les représentants de l’APIE, de France Nature Environnement (Jean-Claude Chenu), de l’EPAGE et de la Commission Locale de l’Eau (Gaël Legay-Bellod, Président de l’EPAGE et Conseiller Communautaire à la CAPI et Alexandre Manzanilla, Directeur de l’EPAGE).

L’EPAGE a présenté le ‘SAGE’ (Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau) de la Bourbre, actuellement en révision. Ce document réglementaire fixe les règles d’utilisation de l’eau et de la protection des zones humides, et s’impose aux collectivités locales, entreprises et agriculteurs sur le bassin. Le SAGE, qui date de 2008, est en cours de révision. Cette révision devrait aboutir en 2023 et le SAGE révisé s’appliquera sur la décennie à venir.

La Commission Locale de l’Eau, à laquelle participent les élus, l’Etat, les entreprises, la Chambre d’Agriculture et les associations, a identifié comme principaux enjeux pour la révision du SAGE les zones humides, le changement climatique, la ressource en eau (quantité et qualité) et la biodiversité. Sur chaque enjeu, une présentation par l’EPAGE et quelques propositions de l’APIE et de FNE ont été suivies chaque fois par des questions et un débat animé avec la salle.

Le SAGE en vigueur depuis 2008 a influé sur les politiques locales, en protégeant largement les zones humides. Les constructions sur des zones humides, telles que le Médipôle à Bourgoin Jallieu, sont des projets ayant été entérinés avant la mise en place du SAGE, sur lesquels il n’était pas possible de revenir (‘coups partis’). Le SAGE a en revanche permis de sauver l’essentiel des boisements des Sétives, par exemple. Malheureusement, le SAGE n’a pas de pouvoir face à des projets portés par l’Etat tels la ligne Lyon-Turin.

L’impact majeur du changement climatique a été souligné dans les études préalables à la révision du SAGE. Cela renforce l’importance des zones humides. Le changement climatique accentuera les ruissellements, avec des orages plus violents et plus fréquents. Notre territoire connaîtra des tensions sur la quantité d’eau disponible, alors qu’à ce jour il n’y a pas de pénurie. On le voit déjà avec l’alerte sécheresse en cours. L’EPAGE indique plus de 75% des consommations d’eau sont pour l’eau potable (AEP), environ 12% relevant de l’industrie et 12% de l’agriculture (totaux sur le bassin de la Bourbre, prélèvements de surface et de nappe). La consommation d’eau par les ménages doit être maîtrisée, de même que l’irrigation agricole. Les pressions sur la ressource d’eau sur le bassin de la Bourbre (quantités) aggraveront les problèmes de qualité de l’eau, dus principalement aux pesticides et aux engrais agricoles.

L’APIE souligne que les zones humides jouent un rôle important dans la recharge des réserves d’eau et pour la qualité des eaux souterraines. De même, les nappes souterraines soutiennent l’étiage des cours d’eau. La gestion des fossés ne doit pas drainer les zones humides et empêcher ces fonctions.

La priorité accordée à la biodiversité aquatique dans la révision du SAGE est positive. L’APIE souhaite qu’une stratégie volontariste soit définie par la Commission Locale de l’Eau pour définir des priorités (espèces, habitats) en parallèle avec la Stratégie Foncière en cours (secteurs prioritaires sur le territoire).

La réunion a fait ressortir plusieurs propositions à remonter à la Commission Locale de l’Eau pour la révision du SAGE :

  • Prise de position sur la DTA Saint Exupéry (Directive Territoriale d’Aménagement de l’Etat) qui prévoit l’urbanisation et donc imperméabilisation de 150ha de terrains agricoles,
  • Agir pour diminuer la consommation d’eau des ménages, notamment les piscines, les lavages de voitures, et demander aux collectivités d’intégrer la collecte et la réutilisation des eaux de pluie dans les règles d’urbanisme (PLU),
  • Mettre en œuvre des solutions extensives ou naturelles pour prévenir et limiter les ruissellements (bandes enherbées, haies, EBC (signe à détailler) dans les PLU …), pour limiter le recours à des aménagements onéreux (bassins de rétention, digues).
  • Mettre en œuvre également ces ‘infrastructures vertes’ pour lutter contre les pollutions agricoles (pesticides et nitrates)
  • Soutenir la réorientation de l’agriculture vers des cultures adaptées au changement climatique en structurant des filières vers une consommation locale et en favorisant des pratiques agricoles moins impactantes sur la qualité de l’eau.

Pour approfondir le sujet, sur le site de l’EPAGE :